L’apprentissage de la responsabilité
Essai sur le stoïcisme d’Épictète
Ce livre étudie la théorie stoïcienne de la responsabilité morale telle qu’elle a été reprise et développée par Épictète. S’inscrivant à la suite du stoïcisme hellénistique, Épictète adopte l’intellectualisme moral et la psychologie moniste défendue par Chrysippe, et insiste à son tour sur le caractère maximal de la responsabilité de l’agent dans ses comportements et ses états mentaux. Mais là où la responsabilité constituait, dans le stoïcisme ancien, un problème moral attenant à lathéorie du destin et dont la résolution était essentiellement physique, elle devient, chez Épictète, la thématique prioritaire de l’éthique et de l’éducation philosophique. Abandonnant l’idée de justification del’imputation morale par une analyse strictement physique de la causalité psychologique et universelle, le philosophe de Nicopolis fait un usage de concepts inédits dans l’histoire du Portique, tels que celuide prohairesis et d’« usage des représentations », impliquant une variation importante pour le « compatibilisme » stoïcien. Cette théorie de la responsabilité morale, fondée sur un « don divin » assurant un principe d’identité symétrique entre l’homme et le dieu, est au fondement des devoirs et des engagements sociaux et politiques dont le sage constitue la figure paradigmatique. Son accessibilité est renduepossible par la mise en place d’un dispositif éducatif mettant le progrès moral au coeur de ses préoccupations, faisant de la responsabilité l’objet d’un apprentissage aussi bien théorique que pratique.
Olivier D’Jeranian est chercheur associé à l’équipe GRAMATA (Sphere 7219).