Averroès (Ibn Rušd)
L’intellect Compendium du livre De l’âme
Le Compendium du livre De l’âme d’Aristote (Muḫtaṣar Kitāb al-nafs) compte parmi les premières œuvres d’exégète d’Averroès. On en traduit ici le chapitre sur l’intellect qui contient l’essentiel des questions sur lesquelles le Commentateur reviendra dans toute son œuvre. Ce qui l’occupe est d’établir si l’acte de l’intellect humain est permanent ou bien intermittent, et plus largement de savoir si notre puissance rationnelle est elle-même éternelle ou bien engendrée et corruptible. L’auteur montre que nos concepts sont en vérité ambivalents et que s’ils sont en partie soustraits au temps par leur sens, leur rapport aux images leur confère une forme de potentialité. C’est sur cette puissance que l’accent est mis : quelle est la nature de la capacité de penser? quel peut-être son substrat? qu’est-ce qui la meut, et jusqu’où?
L’édition du texte par David Wirmer montre qu’il fut plusieurs fois révisé et son intérêt est double. Il montre à la fois quelle fut la doctrine du jeune Averroès, disciple de son prédécesseur andalou Ibn Bāğğa (Avempace), et comment le Cordouan inlassablement critique devait juger bon de la réviser. Averroès est connu dans l’histoire comme l’auteur du Grand Commentaire du traité De l’âme. C’est dans ce texte du Compendium qu’on voit s’en profiler la doctrine.